Kent Farrington est l’un des meilleurs cavaliers de sa génération. Vice-champion olympique par équipe, il a remporté les plus beaux Grands Prix de la discipline. Agé de 39 ans, le cavalier américain revient pour Equi-Book sur ses débuts et sa façon de gérer ses chevaux. Le parcours atypique de ce grand champion prouve que tout est possible dans le sport.

Cela fait quelques semaines que vous avez remporté le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle. Que ressentez-vous après cette victoire ?

Il m’a fallu un peu de temps pour réaliser. C’est un rêve qui se concrétise. Toutefois, comme pas mal de sportifs, je suis déjà focalisé sur les prochaines échéances qui s’annoncent.  

Parlez nous de vos débuts en équitation…

J’ai commencé à monter en ville de Chicago, dans une écurie où ils proposaient des tours de la ville en calèche. C’est là que j’ai débuté, en prenant des cours une fois par semaine. Un des entraîneurs a demandé à ma mère si j’avais envie d’aller monter dans ses écuries, en périphérie de la ville. Il avait des poneys de courses. J’ai trouvé cela fantastique et c’est comme cela que tout a commencé. Ma sœur vient d’ailleurs de retrouver la liste de départ de ma première course. Il y avait 250 dollars à gagner.

Vous n’êtes pas issu d’une famille de cavaliers ?

Ma mère a grandi dans la campagne avec beaucoup d’animaux, comme des vaches et des chevaux. Elle montait à cheval, mais n’a jamais fait de compétition. Pour ma part, j’ai toujours vécu en ville, en faisant plutôt du skateboard ou du basketball.

Quelles sont les personnes qui ont le plus influencé votre carrière ?

On peut dire que j’ai eu un début de carrière particulier. Quand j’étais junior, je faisais ce que l’on appelle le « catch-riding ». Ce qui signifie que j’allais au concours et que divers propriétaires et entraineurs me confiaient des chevaux sur place. Certains chevaux étaient à vendre, d’autres étaient compliqués pour leurs élèves. Je montais ces chevaux uniquement en concours. Il est arrivé que sur le même concours je monte aussi bien des épreuves poneys que le petit Grand Prix. J’ai donc eu énormément de pratique et aussi beaucoup d’entraîneurs différents, car chaque personne qui me confiait un cheval m’aidait et me coachait. J’ai appris énormément en travaillant de la sorte.

Est-ce cette formation atypique qui a forgé votre monte ?

Sans aucun doute ! Si vous voulez être bon en golf, vous devez faire beaucoup de golf. Il en va de même pour l’équitation : avoir autant d’expérience en concours est un avantage. J’ai appris à monter tous types de chevaux : des grands, des petits, des chauds et des froids… Cela m’a ouvert l’esprit ! Lorsque je me mettais à cheval,  je n’avais que quelques minutes pour le cerner avant d’entrer en piste. Peu importe le type de chevaux que je montais, braves ou non, j’essayais de faire de mon mieux.  J’ai réalisé que j’étais capable de m’adapter à toutes les situations.

Vous citez souvent Ian Millar comme un exemple. Vous souvenez-vous du moment où vous avez rattrapé votre idole ?

Je savais tout de la vie de Ian Millar et de celle de ses chevaux. J’avais un livre sur lui que je connaissais par cœur. Ensuite, on a commencé à concourir ensemble et même à devenir amis. Pour le jeune cavalier que j’étais, c’était fou de côtoyer mon idole. Un jour, nous marchions le parcours ensemble lorsqu’il m’a demandé ce que j’en pensais. Je me suis retourné, car comme je suis petit, je pensais qu’il parlait à quelqu’un derrière moi !

Maintenant, c’est à votre tour d’être une idole et d’inspirer les jeunes…

J’ai toujours été l’outsider et cela m’a motivé. Du coup, je ne me repose jamais sur mes lauriers. J’essaie de rester authentique en espérant être un bon exemple.

Y a-t-il un cheval qui a marqué votre vie ?

Oui, Madison. C’est avec lui que j’ai participé à mes premiers concours internationaux, que j’ai gagné mon premier Grand Prix 5* en 2004 à Wellington et que j’ai porté pour la première fois les couleurs de l’équipe américaine. Il y a des chevaux qui ont accompli de plus grandes choses pour moi, mais Madison a été le cheval qui m’a permis d’arriver à ce niveau, de faire ces épreuves, alors que j’étais très jeune et que je travaillais seul. Je venais de lancer mon propre business et c’est un cheval que j’ai formé. On a progressé ensemble. Il m’a donné une bonne visibilité, je lui dois beaucoup.

On vous voit chaque année participer à des concours en Europe. Pour quelle raison ?

Je viens toujours en Europe une partie de l’été, car c’est là que le sport de haut niveau se passe. Il y a de bons cavaliers aux Etats-Unis, mais sur les 40 participants d’une épreuve en Europe, les 40 peuvent gagner. Il y a les meilleurs des meilleurs et j’aime me fixer des challenges. Pour m’améliorer, je dois concourir contre les meilleurs. Chaque année, je m’arrange pour venir en Europe, que ce soit pour participer à deux concours ou à vingt, en fonction de la forme de mes chevaux. Au fil des ans, à mesure que la qualité de mes montures augmentait et que mon business prenait de l’ampleur, j’ai pu rester plus longtemps en Europe, jusqu’à y passer trois ou quatre mois chaque été.

Quelle est votre organisation aux Etats-Unis ?

Dans ma propre écurie, à Wellington, il y a 25 chevaux. Mais j’en suis beaucoup plus. En effet, aux Etats-Unis, je coache énormément et ai un bon nombre d’élèves à suivre. J’ai plusieurs entraîneurs qui travaillent également sur place et qui font progresser leurs propres élèves. Au final, cela fait un paquet de chevaux !

Parlez-vous de votre piquet actuel…

Il y a Gazelle et Creedance, mes deux chevaux de tête. Ensuite, il y a plusieurs chevaux qui commencent à sauter du 4 * et 5*. C’est trop tôt pour dire s’ils seront tous des cracks, mais ce sont de très bons chevaux et je place de grands espoirs sur eux.

Comment trouvez-vous vos chevaux ?

Ils viennent pour la plupart d’Europe. Il n’y a pas de grands élevages aux Etats-Unis et il n’y a pas non plus d’éleveurs européens qui envoient leurs jeunes chevaux à des cavaliers basés aux Etats-Unis. Du coup, nous achetons de jeunes chevaux en Europe, soit pour notre propre compte, soit avec le soutien d’un sponsor. Je garde toujours un œil ouvert quand je suis en concours. J’ai de très bons contacts avec la plupart des marchands.

Comptez-vous de très jeunes chevaux dans vos écuries ?

J’ai quelques 5 ans, mais je ne les monte pas moi-même, car je suis très souvent en concours. Par contre, j’aime monter les 7 ans, et même les 6 ans. C’est important de pouvoir développer sur le long terme une relation avec un cheval.

Pour préparer Aix-la-Chapelle, vous avez monté Gazelle à Spruce Meadows dans des épreuves de 120 cm à 130 cm. Expliquez nous ce choix…

Je connais Gazelle depuis très longtemps. Elle est arrivée dans mes écuries à 7 ans. C’est une jument très respectueuse et elle a besoin d’être très en confiance pour donner le meilleur d’elle-même. Quand elle va participer à un grand concours, cela l’aide donc d’avoir fait de plus petits parcours avant. C’était parfait à Calgary, car il y a des sauts très impressionnants, très regardants. J’ai participé à des épreuves de vitesse, où il y a des murs, des portails, des doubles avec des bidets. Qu’importe la hauteur, il faut qu’elle soit en confiance pour sauter ce genre d’obstacles. C’est ma façon de faire pour Gazelle.

Cela fait quelques semaines que vous avez remporté le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle. Que ressentez-vous après cette victoire ?

Il m’a fallu un peu de temps pour réaliser. C’est un rêve qui se concrétise. Toutefois, comme pas mal de sportifs, je suis déjà focalisé sur les prochaines échéances qui s’annoncent.  

Parlez nous de vos débuts en équitation…

J’ai commencé à monter en ville de Chicago, dans une écurie où ils proposaient des tours de la ville en calèche. C’est là que j’ai débuté, en prenant des cours une fois par semaine. Un des entraîneurs a demandé à ma mère si j’avais envie d’aller monter dans ses écuries, en périphérie de la ville. Il avait des poneys de courses. J’ai trouvé cela fantastique et c’est comme cela que tout a commencé. Ma sœur vient d’ailleurs de retrouver la liste de départ de ma première course. Il y avait 250 dollars à gagner.

Vous n’êtes pas issu d’une famille de cavaliers ?

Ma mère a grandi dans la campagne avec beaucoup d’animaux, comme des vaches et des chevaux. Elle montait à cheval, mais n’a jamais fait de compétition. Pour ma part, j’ai toujours vécu en ville, en faisant plutôt du skateboard ou du basketball.

Quelles sont les personnes qui ont le plus influencé votre carrière ?

On peut dire que j’ai eu un début de carrière particulier. Quand j’étais junior, je faisais ce que l’on appelle le « catch-riding ». Ce qui signifie que j’allais au concours et que divers propriétaires et entraineurs me confiaient des chevaux sur place. Certains chevaux étaient à vendre, d’autres étaient compliqués pour leurs élèves. Je montais ces chevaux uniquement en concours. Il est arrivé que sur le même concours je monte aussi bien des épreuves poneys que le petit Grand Prix. J’ai donc eu énormément de pratique et aussi beaucoup d’entraîneurs différents, car chaque personne qui me confiait un cheval m’aidait et me coachait. J’ai appris énormément en travaillant de la sorte.

Est-ce cette formation atypique qui a forgé votre monte ?

Sans aucun doute ! Si vous voulez être bon en golf, vous devez faire beaucoup de golf. Il en va de même pour l’équitation : avoir autant d’expérience en concours est un avantage. J’ai appris à monter tous types de chevaux : des grands, des petits, des chauds et des froids… Cela m’a ouvert l’esprit ! Lorsque je me mettais à cheval,  je n’avais que quelques minutes pour le cerner avant d’entrer en piste. Peu importe le type de chevaux que je montais, braves ou non, j’essayais de faire de mon mieux.  J’ai réalisé que j’étais capable de m’adapter à toutes les situations.

Vous citez souvent Ian Millar comme un exemple. Vous souvenez-vous du moment où vous avez rattrapé votre idole ?

Je savais tout de la vie de Ian Millar et de celle de ses chevaux. J’avais un livre sur lui que je connaissais par cœur. Ensuite, on a commencé à concourir ensemble et même à devenir amis. Pour le jeune cavalier que j’étais, c’était fou de côtoyer mon idole. Un jour, nous marchions le parcours ensemble lorsqu’il m’a demandé ce que j’en pensais. Je me suis retourné, car comme je suis petit, je pensais qu’il parlait à quelqu’un derrière moi !

Maintenant, c’est à votre tour d’être une idole et d’inspirer les jeunes…

J’ai toujours été l’outsider et cela m’a motivé. Du coup, je ne me repose jamais sur mes lauriers. J’essaie de rester authentique en espérant être un bon exemple.

Y a-t-il un cheval qui a marqué votre vie ?

Oui, Madison. C’est avec lui que j’ai participé à mes premiers concours internationaux, que j’ai gagné mon premier Grand Prix 5* en 2004 à Wellington et que j’ai porté pour la première fois les couleurs de l’équipe américaine. Il y a des chevaux qui ont accompli de plus grandes choses pour moi, mais Madison a été le cheval qui m’a permis d’arriver à ce niveau, de faire ces épreuves, alors que j’étais très jeune et que je travaillais seul. Je venais de lancer mon propre business et c’est un cheval que j’ai formé. On a progressé ensemble. Il m’a donné une bonne visibilité, je lui dois beaucoup.

On vous voit chaque année participer à des concours en Europe. Pour quelle raison ?

Je viens toujours en Europe une partie de l’été, car c’est là que le sport de haut niveau se passe. Il y a de bons cavaliers aux Etats-Unis, mais sur les 40 participants d’une épreuve en Europe, les 40 peuvent gagner. Il y a les meilleurs des meilleurs et j’aime me fixer des challenges. Pour m’améliorer, je dois concourir contre les meilleurs. Chaque année, je m’arrange pour venir en Europe, que ce soit pour participer à deux concours ou à vingt, en fonction de la forme de mes chevaux. Au fil des ans, à mesure que la qualité de mes montures augmentait et que mon business prenait de l’ampleur, j’ai pu rester plus longtemps en Europe, jusqu’à y passer trois ou quatre mois chaque été.

Quelle est votre organisation aux Etats-Unis ?

Dans ma propre écurie, à Wellington, il y a 25 chevaux. Mais j’en suis beaucoup plus. En effet, aux Etats-Unis, je coache énormément et ai un bon nombre d’élèves à suivre. J’ai plusieurs entraîneurs qui travaillent également sur place et qui font progresser leurs propres élèves. Au final, cela fait un paquet de chevaux !

Parlez-vous de votre piquet actuel…

Il y a Gazelle et Creedance, mes deux chevaux de tête. Ensuite, il y a plusieurs chevaux qui commencent à sauter du 4 * et 5*. C’est trop tôt pour dire s’ils seront tous des cracks, mais ce sont de très bons chevaux et je place de grands espoirs sur eux.

Comment trouvez-vous vos chevaux ?

Ils viennent pour la plupart d’Europe. Il n’y a pas de grands élevages aux Etats-Unis et il n’y a pas non plus d’éleveurs européens qui envoient leurs jeunes chevaux à des cavaliers basés aux Etats-Unis. Du coup, nous achetons de jeunes chevaux en Europe, soit pour notre propre compte, soit avec le soutien d’un sponsor. Je garde toujours un œil ouvert quand je suis en concours. J’ai de très bons contacts avec la plupart des marchands.

Comptez-vous de très jeunes chevaux dans vos écuries ?

J’ai quelques 5 ans, mais je ne les monte pas moi-même, car je suis très souvent en concours. Par contre, j’aime monter les 7 ans, et même les 6 ans. C’est important de pouvoir développer sur le long terme une relation avec un cheval.

Pour préparer Aix-la-Chapelle, vous avez monté Gazelle à Spruce Meadows dans des épreuves de 120 cm à 130 cm. Expliquez nous ce choix…

Je connais Gazelle depuis très longtemps. Elle est arrivée dans mes écuries à 7 ans. C’est une jument très respectueuse et elle a besoin d’être très en confiance pour donner le meilleur d’elle-même. Quand elle va participer à un grand concours, cela l’aide donc d’avoir fait de plus petits parcours avant. C’était parfait à Calgary, car il y a des sauts très impressionnants, très regardants. J’ai participé à des épreuves de vitesse, où il y a des murs, des portails, des doubles avec des bidets. Qu’importe la hauteur, il faut qu’elle soit en confiance pour sauter ce genre d’obstacles. C’est ma façon de faire pour Gazelle.

Votre histoire avec Rolex a commencé à la Corogne…

Au début de ma carrière, ma sœur m’a énormément aidé. Elle avait aussi monté en concours lorsque nous étions petits, mais ensuite elle m’a souvent accompagné en concours pour me donner un coup de main, m’aider à transporter mon matériel ou à organiser mon planning. Elle a longtemps travaillé pour moi gratuitement alors que, tout jeune cavalier indépendant, je n’avais pas les moyens de payer un employé. Pour la remercier, je lui ai confié que je rêvais de lui offrir une montre. Et elle m’a répondu : « Tu n’as pas de quoi m’acheter une montre, mais tu en gagneras une en concours ! » Il m’aura fallu un peu de temps pour y arriver, mais c’est arrivé à la Corogne en 2013.

Vous avez donné des dizaines d’interviews depuis que vous figurez parmi les meilleurs mondiaux. Quelle est la question que vous n’avez plus envie que l’on vous pose ?

Pour être honnête, il n’y en a pas. Je suis fier d’être un ambassadeur de mon sport, et je crois que c’est mon rôle de prendre du temps pour répondre aux journalistes ou aux enfants qui me posent des questions. Quand j’étais petit, j’adorais lire des articles et des interviews sur les cavaliers que j’admirais, donc je trouve naturel de faire ma part aujourd’hui…